Repenser les choses localement, reinventer nos modes de vie, de produire, d’échanger, d’apprendre. Tout en prenant du plaisir dans le changement.
C’est l’objectif que s’est donné 1000BXL en Transition. Montrer que c’est possible, que rien n’est figé.
Une interview avec Laurence et Nuno.
C’est l’objectif que s’est donné 1000BXL en Transition. Montrer que c’est possible, que rien n’est figé.
Une interview avec Laurence et Nuno.
“Le Quartier Alhambra n’a pas bonne réputation. Mais ces rues sillonnées par les prostituées, sont avant tout des lieux de vies pour des citadins qui aiment leur quartier et qui s’y investissent. Ces habitants ont décidé de créer des potagers dans une rue sans issue.” (Extrait du film ‘Jardins et Loisirs’ RTBF – la Une TV)
C’est le genre de projet que le collectif 1000BXL en Transition aime bien lancer: expérimenter des alternatives positives, concrètes, locales, ouvertes à tous … Et donner comme ça envie à un maximum de gens de se croiser, construire une communauté locale… Au potager, une dizaine de familles s’y est mise, tous ensemble. La plupart de ces personnes ne se connaissaient pas avant. Maintenant ils organisent des barbecues ensemble, il y a des échanges qui se créent… et, surprise ! … il n’y a même pas une tomate qui a été volée.
On rencontre Nuno et Laurence dans un café. Leurs propos sont émis à titre personnel.
Nuno: “Mon rêve est que les différents groupes se rencontrent et se connaissent. On voit aux Etats-Unis et en Angleterre que les gens se mobilisent facilement les uns les autres. Je veux qu’on soit une société plus liante.”
Laurence: “Ca fait 3 ans que nous existons. Un groupe d’habitants qui veulent faire toutes sortes d’actions positives. L’idée est: si tu veux du changement, vas-y et fais quelque-chose. Moi ça fait 2 ans que je participe.”
N: “Moi aussi. Nous sommes donc venus après. Quand je suis arrivé, ça tournait un peu en rond.”
L: “Le groupe a du se chercher un peu. Des gens sont venus et certains nous ont quitté.”
N: “J’ai quitté pendant un temps aussi, moi. On ne savait pas par où commencer. Ça nous a pris quelques mois pour trouver la 1e idée concrète.”
L: “Le 1e projet qui a vraiment accroché c’est le marché gratuit sur le Quai à la Houille. Maintenant il a une grande visibilité. Parfois on est 30 à cette occasion. Et ce n’est jamais qu’un drap sur les pavés où l’on donne ce qu’on veut donner. Il y a aussi le groupe ‘bien être’ qui fait des activités d’initiation de yoga, de salsa… En plus du Repair-Café, de la Timebank, des projections de films suivis d’un débat en partenariat avec Bruxelles Laïque. C’est un super partenariat. A la plupart des projections, nous avons autour de 100 personnes.”
N: “L’idée de ces projection-débats est de donner des pistes pour des gens qui veulent lancer quelque chose, pour pousser à l’action.”
Coordonner sans nuire à la spontanéité
N: “A côté des projets, il y a une coordination de 7 ou 8 personnes. “
Selfcity: “Est-ce que votre collectif est un peu diversifié?”
N: “Dans les projets, oui. Mais pas dans le noyau de coordination. Là, on est tous très proches en âge. Et on n’a pas d’enfants. Du coup, le groupe de coordination a du temps libre pour se réunir en semaine, le soir. Je me demande s'il y a moyen de rendre les réunions de coordination plus accessibles à des gens qui ont des enfants et moins de temps.”
L: “Il y a en a qui en ont, quand-même ! Mais en effet… On a aussi tous des formations universitaires. Mais on n’a pas du tout le même type de boulot. En fait, on se complète super bien au sein du groupe. Il y a des gens qui n’avaient pas l’habitude de faire des réunions. Moi par exemple.”
L: “Moi aussi. Il y a plein de choses que j’ai apprises, en fait. Au sein du noyau nous sommes tous « coordinateur ». Au début des réunions nous désignons les différentes fonctions. On se pose la question si on doit continuer comme ça, ou s’il vaut mieux désigner des fonctions fixes”.
N: “On ne veut pas perdre la spontanéité mais il faut un cadre.”
L: “On veut rester ouvert.”
N: “Ce n’est pas hyper facile.”
L: “Nous, on s’envoie des mails tous les 2 jours.”
N: “Nos réunions sont hyper efficaces en fait. Si on a prévu 1 heure de réunion, on fait 1 heure.”
Selfcity: “C’est important pour avancer sans doute. Mais est-ce que, d’un autre côté, cela ne pose pas d’obstacle pour ceux qui ne savent pas, ou n’aiment pas, « se la jouer professionnel »?”
N: “Oui. Sans doute.”
L: “Mais ceux-là vont dans les projets. Ou dans nos « Cafés Transition ».”
Tenir le coup
L: “C’était dur d’avoir un boulot et de faire des réunions en soirée. Mais il y a des moments tellement bons et cela donne envie. Comme ce jour où le Brico nous a payé nos outils pour le Repair-Café. Nos activités nous prouvent que les gens ne sont pas mauvais, qu’ils sont de bonne composition. Certaines fois des enfants du quartier passent au marché gratuit et retournent chez eux pour chercher leurs jouets à eux. Une petite fille a dit: c’est dur de donner, mais ça fait plaisir.”
N: “Lors de ces activités, il y a des gens qui se rencontrent qui se croiseraient jamais autrement.”
L: “Il y a parfois des gens très pauvres qui viennent aux marchés gratuits.”
N: “Pour eux c’est une aide. Mais ils viennent aussi parce que c’est convivial. D’autres encore pour ne pas dépendre d’institutions tel que l’Armée de Salut.”
Faire de la « politique »
N: “Beaucoup de collectifs ou d’associations sont occupés à se positionner contre quelque chose.”
L: “C’est dans notre charte: dans le cadre de nos activités ce genre de chose n’a pas lieu d’être. On ne partage pas de pétition par exemple. Parce que, si tu crées un collectif de gauche par exemple, ce collectif sera contre le droit. Et nous, on veut que tous les habitants peuvent faire partie de notre groupe. Bien entendu: en tant qu’individu je participe aussi à des pétitions et des trucs.”
N: “Oui, moi aussi. Mais je signe dans mon nom. Au groupe, on ne discute pas de parties politiques mais on expérimente une transition, l’écologie… Et bien sûr, ça c’est politique aussi.”
L: “On fait la sensibilisation, respectueuse de l’environnement, mais on s’inscrit pas dans un schéma politique.”
N: “Après nos projections de films nous organisons des débats. C’est politique aussi, ça.”
L: “Mais ce n’est pas un débat dans le sens que quelqu’un dit A et l’autre dit B. On essaie d’être tous au même pied.”
N: “Moi j’ai appris la démocratie dans ce groupe, j’ai l’impression. Mais il y a des gens qui veulent surtout passer de bons moments.”
Le pouvoir des citoyens
Laurence: “On rêve d’une société plus solidaire. Maintenant les gens sont toujours divisés en pro et contre. Les pro-piétonniers et les anti, les pro-militaires et les antis… La transition m’a permis d’aller plus loin que d’avoir juste une position politique, d’aller dans l’action.”
N: “Le débat idéologique fatigue les gens.”
Selfcity: “Est-ce que le système actuel fait en sorte que le concept ‘politique’ devient péjoratif?”
L: “Une réponse personnelle? Oui! Mais avec notre collectif, on peut récupérer les personnes déçues par les politiques en place. Les initiatives citoyennes redonnent de l'espoir aux gens."
N: “Le système est polarisé mais si les gens se mettent en groupe pour des solutions concrètes, elles vont se comprendre et la polarisation va disparaitre.”
L: “On veut tous une vie paisible. Le débat politique te fait oublier ça parfois.”
L: “Ici, dans le collectif, j’ai découvert mon rôle de citoyen. Ou disons: mon rôle comme membre de ma communauté.”
N: “Cela m’a fait changer ma façon de voir les problèmes. Maintenant je vois des solutions partout.”
L: “Oui, maintenant, moi je suis aussi actrice de la vie. Je prends plus de recul face aux problèmes.”
N: “Nos trucs marchent. Je me suis rendu compte que les citoyens ont franchement énormément de pouvoir.”
L: “Oui, bien sûr! La Ville bénéficie de nos actions. Au moment qu’un collectif propose des actions qui marchent, c’est normal qu’il est le bienvenu. Le pouvoir public se rende compte qu’on a des idées. On pourrait gérer des trucs ensemble: des biens, des ressources.”
N: “En Portugal, la commune de Cascais a commencé un budget participatif qui mobilise énormément de gens. Maintenant le bourgmestre a vu que sa légitimité est basée là-dessus.”
Avancer
Selfcity: “Que manquez vous encore pour pouvoir avancer davantage?”
L: “Des traducteurs en Néerlandais!”
N: “A part ça, je ne vois rien à l’immédiat. On trouve facilement de nouvelles idées. On évolue toujours. Mais c’est vrai aussi: parfois il y a des gens qui veulent aider mais qui me disent qu’ils ne savent pas comment. Ce n’est pas toujours facile de les intégrer.”
L: “Et encore ceci: ce serait chouette de savoir parler devant 100 personnes et être à l’aise!”
En hiver, le Marché Gratuit est en hibernation.
Le prochain aura lieu le samedi 25 Mars 2017 de 14h à 16h!
C’est le genre de projet que le collectif 1000BXL en Transition aime bien lancer: expérimenter des alternatives positives, concrètes, locales, ouvertes à tous … Et donner comme ça envie à un maximum de gens de se croiser, construire une communauté locale… Au potager, une dizaine de familles s’y est mise, tous ensemble. La plupart de ces personnes ne se connaissaient pas avant. Maintenant ils organisent des barbecues ensemble, il y a des échanges qui se créent… et, surprise ! … il n’y a même pas une tomate qui a été volée.
On rencontre Nuno et Laurence dans un café. Leurs propos sont émis à titre personnel.
Nuno: “Mon rêve est que les différents groupes se rencontrent et se connaissent. On voit aux Etats-Unis et en Angleterre que les gens se mobilisent facilement les uns les autres. Je veux qu’on soit une société plus liante.”
Laurence: “Ca fait 3 ans que nous existons. Un groupe d’habitants qui veulent faire toutes sortes d’actions positives. L’idée est: si tu veux du changement, vas-y et fais quelque-chose. Moi ça fait 2 ans que je participe.”
N: “Moi aussi. Nous sommes donc venus après. Quand je suis arrivé, ça tournait un peu en rond.”
L: “Le groupe a du se chercher un peu. Des gens sont venus et certains nous ont quitté.”
N: “J’ai quitté pendant un temps aussi, moi. On ne savait pas par où commencer. Ça nous a pris quelques mois pour trouver la 1e idée concrète.”
L: “Le 1e projet qui a vraiment accroché c’est le marché gratuit sur le Quai à la Houille. Maintenant il a une grande visibilité. Parfois on est 30 à cette occasion. Et ce n’est jamais qu’un drap sur les pavés où l’on donne ce qu’on veut donner. Il y a aussi le groupe ‘bien être’ qui fait des activités d’initiation de yoga, de salsa… En plus du Repair-Café, de la Timebank, des projections de films suivis d’un débat en partenariat avec Bruxelles Laïque. C’est un super partenariat. A la plupart des projections, nous avons autour de 100 personnes.”
N: “L’idée de ces projection-débats est de donner des pistes pour des gens qui veulent lancer quelque chose, pour pousser à l’action.”
Coordonner sans nuire à la spontanéité
N: “A côté des projets, il y a une coordination de 7 ou 8 personnes. “
Selfcity: “Est-ce que votre collectif est un peu diversifié?”
N: “Dans les projets, oui. Mais pas dans le noyau de coordination. Là, on est tous très proches en âge. Et on n’a pas d’enfants. Du coup, le groupe de coordination a du temps libre pour se réunir en semaine, le soir. Je me demande s'il y a moyen de rendre les réunions de coordination plus accessibles à des gens qui ont des enfants et moins de temps.”
L: “Il y a en a qui en ont, quand-même ! Mais en effet… On a aussi tous des formations universitaires. Mais on n’a pas du tout le même type de boulot. En fait, on se complète super bien au sein du groupe. Il y a des gens qui n’avaient pas l’habitude de faire des réunions. Moi par exemple.”
L: “Moi aussi. Il y a plein de choses que j’ai apprises, en fait. Au sein du noyau nous sommes tous « coordinateur ». Au début des réunions nous désignons les différentes fonctions. On se pose la question si on doit continuer comme ça, ou s’il vaut mieux désigner des fonctions fixes”.
N: “On ne veut pas perdre la spontanéité mais il faut un cadre.”
L: “On veut rester ouvert.”
N: “Ce n’est pas hyper facile.”
L: “Nous, on s’envoie des mails tous les 2 jours.”
N: “Nos réunions sont hyper efficaces en fait. Si on a prévu 1 heure de réunion, on fait 1 heure.”
Selfcity: “C’est important pour avancer sans doute. Mais est-ce que, d’un autre côté, cela ne pose pas d’obstacle pour ceux qui ne savent pas, ou n’aiment pas, « se la jouer professionnel »?”
N: “Oui. Sans doute.”
L: “Mais ceux-là vont dans les projets. Ou dans nos « Cafés Transition ».”
Tenir le coup
L: “C’était dur d’avoir un boulot et de faire des réunions en soirée. Mais il y a des moments tellement bons et cela donne envie. Comme ce jour où le Brico nous a payé nos outils pour le Repair-Café. Nos activités nous prouvent que les gens ne sont pas mauvais, qu’ils sont de bonne composition. Certaines fois des enfants du quartier passent au marché gratuit et retournent chez eux pour chercher leurs jouets à eux. Une petite fille a dit: c’est dur de donner, mais ça fait plaisir.”
N: “Lors de ces activités, il y a des gens qui se rencontrent qui se croiseraient jamais autrement.”
L: “Il y a parfois des gens très pauvres qui viennent aux marchés gratuits.”
N: “Pour eux c’est une aide. Mais ils viennent aussi parce que c’est convivial. D’autres encore pour ne pas dépendre d’institutions tel que l’Armée de Salut.”
Faire de la « politique »
N: “Beaucoup de collectifs ou d’associations sont occupés à se positionner contre quelque chose.”
L: “C’est dans notre charte: dans le cadre de nos activités ce genre de chose n’a pas lieu d’être. On ne partage pas de pétition par exemple. Parce que, si tu crées un collectif de gauche par exemple, ce collectif sera contre le droit. Et nous, on veut que tous les habitants peuvent faire partie de notre groupe. Bien entendu: en tant qu’individu je participe aussi à des pétitions et des trucs.”
N: “Oui, moi aussi. Mais je signe dans mon nom. Au groupe, on ne discute pas de parties politiques mais on expérimente une transition, l’écologie… Et bien sûr, ça c’est politique aussi.”
L: “On fait la sensibilisation, respectueuse de l’environnement, mais on s’inscrit pas dans un schéma politique.”
N: “Après nos projections de films nous organisons des débats. C’est politique aussi, ça.”
L: “Mais ce n’est pas un débat dans le sens que quelqu’un dit A et l’autre dit B. On essaie d’être tous au même pied.”
N: “Moi j’ai appris la démocratie dans ce groupe, j’ai l’impression. Mais il y a des gens qui veulent surtout passer de bons moments.”
Le pouvoir des citoyens
Laurence: “On rêve d’une société plus solidaire. Maintenant les gens sont toujours divisés en pro et contre. Les pro-piétonniers et les anti, les pro-militaires et les antis… La transition m’a permis d’aller plus loin que d’avoir juste une position politique, d’aller dans l’action.”
N: “Le débat idéologique fatigue les gens.”
Selfcity: “Est-ce que le système actuel fait en sorte que le concept ‘politique’ devient péjoratif?”
L: “Une réponse personnelle? Oui! Mais avec notre collectif, on peut récupérer les personnes déçues par les politiques en place. Les initiatives citoyennes redonnent de l'espoir aux gens."
N: “Le système est polarisé mais si les gens se mettent en groupe pour des solutions concrètes, elles vont se comprendre et la polarisation va disparaitre.”
L: “On veut tous une vie paisible. Le débat politique te fait oublier ça parfois.”
L: “Ici, dans le collectif, j’ai découvert mon rôle de citoyen. Ou disons: mon rôle comme membre de ma communauté.”
N: “Cela m’a fait changer ma façon de voir les problèmes. Maintenant je vois des solutions partout.”
L: “Oui, maintenant, moi je suis aussi actrice de la vie. Je prends plus de recul face aux problèmes.”
N: “Nos trucs marchent. Je me suis rendu compte que les citoyens ont franchement énormément de pouvoir.”
L: “Oui, bien sûr! La Ville bénéficie de nos actions. Au moment qu’un collectif propose des actions qui marchent, c’est normal qu’il est le bienvenu. Le pouvoir public se rende compte qu’on a des idées. On pourrait gérer des trucs ensemble: des biens, des ressources.”
N: “En Portugal, la commune de Cascais a commencé un budget participatif qui mobilise énormément de gens. Maintenant le bourgmestre a vu que sa légitimité est basée là-dessus.”
Avancer
Selfcity: “Que manquez vous encore pour pouvoir avancer davantage?”
L: “Des traducteurs en Néerlandais!”
N: “A part ça, je ne vois rien à l’immédiat. On trouve facilement de nouvelles idées. On évolue toujours. Mais c’est vrai aussi: parfois il y a des gens qui veulent aider mais qui me disent qu’ils ne savent pas comment. Ce n’est pas toujours facile de les intégrer.”
L: “Et encore ceci: ce serait chouette de savoir parler devant 100 personnes et être à l’aise!”
En hiver, le Marché Gratuit est en hibernation.
Le prochain aura lieu le samedi 25 Mars 2017 de 14h à 16h!